mardi 23 février 2010

Le CNCA suspend France 24

Par le Patriote, mardi 23 février 2010


La Fréquence est brouillée. Depuis hier, la chaîne de télévision "France 24" a été suspendue de diffusion en Côte d’Ivoire par le Conseil National de la Communication Audiovisuelle (CNCA).

Le mobile évoqué par cet organe de régulation des médias audiovisuels est « le traitement non professionnel de l'information concernant l'actualité politique récente dans le pays». Et cette mesure qui avait été prise depuis le vendredi dernier, est entrée en vigueur hier, le CNCA ayant pris « une mesure conservatoire visant la diffusion de la chaîne, en attendant la délibération du Conseil », a déclaré Franck Anderson Kouassi, Président du CNCA.
Déjà à Paris, la direction de "France 24" a dit « regretter la décision des autorités ivoiriennes et espère que le CNCA qui se réunit ce mercredi reviendra sur cette décision qui lui paraît injustifiée».
La situation politique ivoirienne connaît un fort regain de tensions depuis la dissolution du gouvernement et de la Commission Electorale Indépendante (CEI) par Laurent Gbagbo le 12 février dernier, après plus d'un mois de crise à la CEI, qui selon l’opposition, a été créée de toutes pièces par le camp du chef de fil des refondateurs qui accuse cette institution de "fraude" sur la liste des votants.
Les médias encore
dans l’œil du cyclone
Répondant à l'appel de leurs leaders à contrer le pouvoir en place, les partis d’opposition regroupés au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) organisent, à travers le pays, des manifestations dont le bilan, non encore exhaustif, fait état de 13 morts dont cinq à Gagnoa- Centre-ouest- dans le fief de M. Gbagbo, le vendredi dernier, à la suite de la répression d'une manifestation par les forces de l'ordre. Quand la situation sociopolitique va mal en Côte d'Ivoire, les médias sont dans l’œil du cyclone du régime Gbagbo. Autrefois, c’était RFI (Radio France internationale) qui subissait les foudres du pouvoir et ses bras séculiers que sont "les Jeunes Patriotes" qui portent atteinte à l’intégrité physique des journalistes et détruisent les locaux qui abritent les rédactions.
Il faut noter que "France 24"qui emploie plusieurs journalistes ivoiriens sur place, joue la carte de la prudence car, tout le monde a en mémoire, comme si c’était encore hier, le meurtre du journaliste de RFI, Jean Hélène, tué à bout portant par un policier du nom de Dago Séry à Abidjan en octobre 2003. Le policier assassin a été condamné à 17 ans de prison. Quelques mois plus tard, c'est le journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer, qui disparaissait, enlevé en plein jour à Abidjan par des hommes armés. Jusqu’à ce jour, le corps du journaliste n’a pas encore été retrouvé. La suspension de "France 24"est un signe de plus de la dégradation actuelle du climat sociopolitique en Côte d'Ivoire. Un signe très inquiétant pour les médias. Et l’on pourrait se demander à qui le tour ?

Jean- Antoine Doudou


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